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 in omnia paratus - artames

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2 participants
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Artemia

Artemia


Messages : 1
Date d'inscription : 16/01/2022

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MessageSujet: in omnia paratus - artames   in omnia paratus - artames Icon_minitimeDim 16 Jan - 15:31

exiles garden - peter gundry

 Elle ne se souvient pas si elle a déjà mis les pieds dans la salle d'intronisation. Certainement que oui - elle connaît tout le quartier comme sa poche, toute la colline comme les cicatrices qui couturent ses mains et qu'elle compte le soir pour s'endormir. On a dû l'y emmener, elle a dû y aller par curiosité, elle a dû s'y cacher enfant ; elle doit la connaître, cette salle, peut-être même aussi bien que les autres. Maintenant qu'elle se tient au bout de l'allée, le grand tapis rouge sombre sous ses pieds qui calfeutre le bruit de ses pas, elle a l'impression de la découvrir pour la première fois. Les balcons de bois sombre, les bancs alignés en rangs espacés jusqu'à l'autel au bout de la pièce, tout lui semble nouveau presque autant que tout lui semble sévère.

 Elle devrait résonner, cette pièce, elle en est convaincue. Le moindre son devrait se transformer en vacarme épouvantable et faire écho pendant de longues secondes, et pourtant il n'y a pas un bruit. Les bancs sont remplis et tous les témoins regardent droit devant eux, disciplinés et patients. Il devrait sûrement y avoir plus de monde. Une intronisation attire toujours les membres les plus importants de leur communauté et beaucoup de curieux, d'alliés fidèles ou de quidams désirant signifier leur allégeance dans l'espoir d'une quelconque reconnaissance. Pas pour elle, pourtant. Sa Famille n'a jamais attiré les curieux, faisant fuir les plus sains d'esprits des citoyens et s'attirant la crainte de tous. La salle est loin d'être remplie et les balcons restent vides. Demain, tout le monde saura dans les journaux comment s'est passée sa cérémonie, mais aujourd'hui, personne n'a voulu y assister. Ca n'a rien de personnel, elle le sait. Ca a toujours été comme ça, et ça le sera toujours.

 Les premiers bancs sont tout de même remplis des officiels des autres Familles, invités par tradition autant que par courtoisie et par respect, et il doit aussi y avoir les conseillers de sa mère, peut-être son oncle, Aodhan sûrement. Ses lèvres s'étirent dans un sourire narquois en l'imaginant s'asseoir au premier rang et ignorer les protestations des plus hauts gradés - il n'a rien à faire là, il n'est personne, il doit aller au fond -, les toiser peut-être avec dédain, mépris ou défiance, gratter songeusement la marque noire qui s'étale sur son bras gauche comme pour la faire remarquer à ceux qui ne la connaîtraient pas. Il est assis au premier rang, c'est sûr.

 Sa marque à elle est couverte, du bout de ses doigts au haut de son épaule, comme l'était celle de sa mère et celles de tous les chefs de leur famille avant elles. C'est illégal, et pourtant ça n'empêchera pas le président de lui donner la reconnaissance qui lui est due. C'est illégal, et pourtant elle ne sera jamais inquiétée pour cela. Personne ne doit savoir, et personne ne saura ; c'est son privilège et sa croix.

 Dans le silence elle s'avance, se dit qu'ils auraient pu faire un effort dans l'éclairage de l'endroit qui est bien sombre. Le cercle de fer qui a été posé sur sa tête la gratte un peu ; dessus sont gravés les mots fièrement arborés par sa famille depuis des générations. Vivamus, moriendum est, "laissez-nous vivre si nous devons mourir". Elle a oublié la langue dans laquelle ces mots sont écrits, mais la traduction en est gravée jusqu'au fond d'elle-même et son héritage jusque dans sa chair. Parias aujourd'hui, ils ont libéré le continent de l'esclavage lorsque son peuple y était encore soumis, des siècles plus tôt. Et, fière, elle relève le menton et s'avance jusqu'au fond de la pièce où l'attend le Livre sur lequel elle doit jurer force, foi et fidélité à sa Famille.

 Elle essaie bien de ne regarder que droit devant elle, mais elle a toujours été d'un naturel curieux. Elle a toujours voulu tout voir et tout savoir. Alors du coin de l'oeil elle analyse l'arrière des crânes de ceux qui sont là, cherche à reconnaître des postures, des couleurs, des formes, à deviner qui est là, qui l'attend, qui la regarde. Aodhan est au premier rang, du côté de l'allée. Juste comme elle l'avait prédit. Elle n'a pas le temps de se réjouir de savoir son visage familier et réconfortant au plus près d'elle qu'elle reconnaît James de l'autre côté de l'allée. Assis à côté de sa mère raide comme une barre de fer, il est le seul à s'agiter, à soupirer, à se retenir très fort de ne pas regarder en arrière. Sa gorge se serre. Elle savait qu'il serait là, elle n'y avait juste pas vraiment pensé. Elle ne l'a pas vu depuis si longtemps. Elle n'est pas sûre de vouloir le voir maintenant. Elle a dix-sept ans et elle va prendre la tête de sa Famille. Elle doit laisser ses histoires d'enfants derrière elle. Elle doit grandir maintenant, et cesser de penser à une amitié capricieuse et enterrée pour être digne du cercle de fer qu'elle porte aujourd'hui. Elle a dix-sept ans et sa mère vient de mourir, trop tôt ou pas assez, et les responsabilités qu'elle doit endosser seraient suffisantes pour faire ployer n'importe quelle personne qui n'y aurait pas été préparée depuis sa naissance, et pourtant tout ce à quoi elle pense en s'approchant de son destin, juste parce qu'il est , c'est James.
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James

James


Messages : 8
Date d'inscription : 16/01/2022

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MessageSujet: Re: in omnia paratus - artames   in omnia paratus - artames Icon_minitimeDim 16 Jan - 16:13

Il lui semblait qu’il avait appris la nouvelle le matin même, et pourtant ça devait faire plus longtemps. On ne prépare pas une intronisation en une journée. Il ouvre la bouche pour poser la question à sa mère, dans la voiture, mais il n’est pas certain d’avoir prononcé les mots à haute voix. Le silence, en tout cas, est tout ce qui lui répond, alors il reporte son regard sur la route qui défile. Cela fait bien longtemps qu’il n’a pas mis les pieds dans le quartier des morts. Cela fait bien longtemps que le mur entre eux est épais et insaisissable. Il ne pensait pas y retourner de sitôt. Il ne pensait pas devoir y retourner en tant qu’<i>enfant de</i>. Sa mâchoire se serre et son pied tape incessamment contre le parquet. Ce n’est pas juste. Ce n’était pas censé se passer comme ça. Ils étaient censés attendre encore, quelques mois, quelques années. Il était censé être celui qui pourrait lui offrir un sourire triomphant quand pour quelques mois, son rang aurait été supérieur au sien. Ca n’aurait pas été logique, pourtant. Il est plus jeune qu’elle. Sa mère est en pleine forme. S’il n’avait jamais vu la marque de la mère d’Artemia, sa réputation n’était plus à faire. Ca ne devrait pas être si étonnant. Et pourtant …

Ses pas claquent contre le pavé. Il a les mains dans les poches, le regard planté devant lui. Le bâtiment est imposant, massif, glacial. Ca n’a pas changé d’un pouce. Rien ne change vraiment, dans ce monde, si ce n’est ses têtes. Son coeur bat déjà plus vite, comme s’il réalisait mieux que James qu’il allait la revoir, elle qui hante toujours ses rêves, elle qu’il n’arrive pas complètement à cesser de faire apparaître devant lui pour qu’elle lui raconte des histoires, pour qu’elle l’aide à s’endormir. Le poing se serre sur une boîte de médicaments, bien cachés dans la veste, mais il n’y a rien devant ses yeux, encore, il est toujours trop jeune, il pense toujours qu’il est invincible. Invincible mais incapable de monter en grades, et forcé de la regarder <i>elle</i> se faire couronner.

Il avance comme par mécanisme, se place où on veut de lui, s’assoit quand sa mère s’assoit, attend comme tout le monde attend, au moins pour un temps. Ses yeux ont croisé ceux de Daeja et se sont faits amusés, puis ceux de Fenrir et se sont faits glaciaux. Il n’a pas d’alliés, ici. Personne n’en a vraiment. Son pied recommence à taper par terre, et ce n’est que parce que les longs doigts fermes de sa génitrice se posent sur son genou qu’il se paralyse finalement, au moins pour quelques secondes, au moins le temps que la porte s’ouvre. C’est un silence de mort qui accueille les bruits de pas sur le tapis rouge, et tout son corps le tiraille tant il doit résister à l’envie de se retourner, à l’envie de planter son regard dans le sien, à l’envie de voir à quoi elle ressemble aujourd’hui, à l’envie de savoir si elle aussi, elle meurt d’envie de le regarder.

La main le bloque mais pas assez, et il gigote, il s’impatiente, il retient des insultes, alors que tout le monde est immobile, alors que la salle est pleine de statues. Elle n’est pas si longue, cette allée. Elle devrait déjà être arrivée. Il ne veut pas lui obéir. Il ne veut pas respecter les traditions. Il ne veut pas lui faire cet honneur. Elle ne le mérite pas. Finalement, il craque, si près du but, et il tourne la tête brusquement, et sans un instant d’hésitation, son regard se plante dans le regard noisette, et la rage dans son ventre lui coupe le souffle. Il avait oublié qu’il la détestait. Il avait oublié le sentiment de colère qu’elle faisait vivre en lui, le sentiment de solitude qui lui tordait toujours les entrailles en la revoyant, il y a des années, lui tourner le dos pour finir son entraînement alors qu’il ravalait difficilement ses larmes. Leurs regards se croisent et c’est le monde qui s’écroule un peu plus qu’auparavant, c’est les deux pôles opposés d’une même pièce qui n’auraient jamais dû se rencontrer qui font naître une falaise. Faute de pouvoir lui sauter à la gorge, il sourit, d’un sourire plein de hargne, d’un sourire doucereux, d’un sourire plein de haine. <i>Bon courage, Princesse</i>, ses lèvres forment, comme une malédiction, comme un venin qui se propage, il l’espère, dans son esprit.

Finalement, la main sur son genou se fait enclume sur son bras, et un mouvement sec lui fait comprendre qu’il pousserait sa chance s’il ne faisait pas au moins semblant de respecter les règles, alors il se remet en place, il redevient un parfait petit soldat en déglutissant, en essayant d’ignorer le feu dans ses entrailles et l’envie de hurler. Quand il pose son regard sur l’autel et sur la cérémonie qui va y prendre place, il est redevenu une statue, si ce n’est pour le petit sourire cruel qu’il porte comme une armure, comme un rempart contre les larmes et la rage.
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